Le chercheur À peu près tout ce que l’écologie moderne connait du Serengeti résulte des recherches initiées par A. R. E. (Tony) Sinclair, membre de la Société royale du Canada (MSRC) et de la Société royale anglaise. Tony a grandi en Tanzanie, où se trouve le parc national du Serengeti. Bien qu’il ait quitté la Tanzanie à 10 ans pour le pensionnat puis l’université en Angleterre, il a continué d’y retourner passer ses vacances. Il a vécu à temps plein dans le Serengeti durant ses études doctorales portant sur le buffle d’Afrique et supervisées par Nikolaas Tinbergen, éthologue à Oxford. Après avoir obtenu son doctorat en 1970, il s’est marié et, avec sa femme Anne, il est retourné au Serengeti soutenu par une bourse postdoctorale de trois ans de l’OTAN. Au total, Tony a vécu dans le Serengeti pendant 8 ans. Il l’a quitté lorsque le pays est devenu politiquement instable pour se rendre à Darwin, en Australie afin d’étudier les buffles d’Asie à titre de chercheur du CSIRO. Après moins d’un an, son emploi s’est toutefois envolé avec la ville de Darwin, complètement détruite par le cyclone Tracy le jour de Noël 1974. Soudainement, le poste universitaire qu’il avait vu annoncé à l’University of British Columbia seulement trois jours auparavant est devenu très attirant. Tony a commencé à préparer sa candidature alors même qu’il prenait part à un convoi de véhicules évacuant Darwin au travers la brousse australienne. Le président du comité de sélection, Charlie Krebs, n’a pas trop su quoi faire de la note écrite à la main sous l’éclairage d’une lampe de poche! Mais lorsque Tony a fait parvenir un dossier de candidature plus conventionnel, il a obtenu le poste, amorçant sa carrière à l’University of British Columbia en mars 1975. Tony a repris son travail au Serengeti à la fin des années 1970 alors que le climat politique s’était stabilisé. Il a poursuivi ses recherches dans le Serengeti jusqu’à très récemment. Il a aussi conduit des recherches en Australie, en plus d’entreprendre des collaborations en Nouvelle-Zélande et au Yukon, sur le lièvre d’Amérique. Tony et Anne visitent encore aujourd’hui leur maison au lac Victoria en Tanzanie.
Les recherches Lorsque Tony Sinclair a repris ses recherches dans le Serengeti à la fin des années 1970, il a commencé à y faire le suivi des mammifères, des oiseaux et de la végétation. Devant la difficulté de couvrir les 25 000 km2 du Serengeti avec peu de personnel, de temps et de véhicules, son principe de base était de garder ça simple. Les relevés au sol des populations signifiaient des kilomètres de cahots en Land Rover sur les terrains accidentés. Les populations d’ongulés ont, par exemple, été suivies à partir des années 1980, les taux de natalité, la survie, le nombre de jeunes, l’âge de la maturité sexuelle, et le sexe étaient suivis tous les trois ans. La plupart des inventaires des grands mammifères remontent aux années 1960 et étaient effectués à l’aide de transects de vol, distanciés de 5 km. Les animaux étaient alors comptés directement ou à l’aide des photos aériennes. L’avion a cependant dû être remisé temporairement au début des années 1980 lorsque la situation économique de la Tanzanie a fait en sorte que le seul carburant pour avion disponible était celui provenant de la contrebande extrafrontalière. Ne se laissant pas décourager, Tony est passé du suivi de la végétation à l’aide des photos aériennes à un suivi se basant sur des photos obliques prises à partir de stations au sol. Cette série de photos a permis de capturer la croissance spectaculaire des arbres résultant de l’accroissement de la population de gnous, ceux-ci consommant les herbes qui favorisaient normalement les feux de forêt, qui, à leur tour, maintenaient la densité des arbres basse. Le suivi de la population de gnous – effectué par Tony de 1977 à récemment et accru de quelques observations précédentes – fait office de classique en écologie des populations, montrant, notamment, le rétablissement de la population dans les années 1960 et 1970 à la suite des effets du virus de la peste bovine, puis une stabilisation ponctuée de déclins liés à la sècheresse. Le suivi de la population d’éléphants, basé tant sur des méthodes de collecte aériennes que sur des relevés au sol, a montré que le stress du braconnage a entrainé un taux de natalité nul de 1977 à 1987. Enfin, le suivi des populations d’oiseaux a révélé que les parcs peuvent doubler la densité des oiseaux en comparaison avec les champs agricoles environnants. Les recherches de Tony Sinclair nous éclairent sur les changements qu’a connus et que continue de connaitre le Seregenti, et ont mené à plusieurs recommandations pour la conservation de cet écosystème unique. La base de données Tony Sinclair et le projet Living Data ont décidé d’abord se concentrer sur l’archivage des données relatives aux oiseaux du Serengeti. Cette base de données cumule 67 110 observations géoréférencées portant sur 567 espèces d’oiseaux et récoltées de 1929 à 2017. Ces données ont été collectées à l’aide de transects standardisés et de dénombrements ponctuels, enrichis d’observations ad hoc. C’est la première fois que ces sources diverses de données sont combinées, permettant des analyses à long terme des tailles des populations, des niveaux de références quant à l’occurrence d’espèces rares, ainsi que la détection de populations près des limites critiques. Tony et le doctorant Francisco Hena Diaz se sont rencontrés régulièrement pour mettre en forme la base de données. Au départ, celle-ci présentait 40 variables. Ensemble, Tony et Francisco ont réduit cela à 15 variables clés. Ce fut un processus itératif puisque, comme Tony l’a souligné : « la base de données ne constitue qu’une partie de l’histoire. Certaines informations liées à celle-ci sont réellement nécessaires. Il faut connaitre le contexte. » Il leur a ainsi fallu non seulement corriger des erreurs, mais aussi clarifier des acronymes et déterminer quelles données présentaient un intérêt général. L’objectif était de rendre les données accessibles et compréhensibles à long terme, Tony rappelant que : « il ne vaut pas la peine de récolter des données si elles ne sont pas accessibles à d’autres personnes. » La base de données résultante sera rendue accessible à tous sous peu par l’entremise d’un article « Ecology data » corédigé par Francisco et Tony. Publication Henao-Diaz, L. F., and A. R. E. Sinclair. 2019. Long-term monitoring of Serengeti bird species occurrence, abundance, and habitat. Ecology. https://doi.org/10.1002/ecy.2919.
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